Mot du comité d’organisation
Ce congrès SCGP 2020 sera consacré à la prévention des complications.
Ce thème, choisi sur une suggestion de Jean-Philippe Estrade, fait de notre préoccupation quotidienne le thème central de nos échanges. Il permet de parler du chirurgien, des qualités et des conditions requises pour pratiquer ce métier. Pour présenter la chirurgie aux étudiants de deuxième année, j’avais parlé du métier des « 4 h » : humilité, honnêteté, humanité et enfin habileté me paraissaient les qualités requises. Les deux premières sont indispensables à la remise en cause permanente que nous imposent la survenue de complications et le contraste entre le rêve de geste parfait et les limites d’une pratique quotidienne souvent loin de cet idéal, du fait de la sévérité de la maladie, des contraintes imposées par le patient et par l’environnement technologique de nos blocs opératoires.
L’humanité est indispensable pour poser les indications avec discernement en prenant en compte le ou la patiente dans son ensemble. Les plus expérimentés savent bien que les complications tiennent à une indication opératoire mal posée. Humanité, indispensable à l’empathie pour les patients porteurs d’une maladie grave ou lors de la survenue de complications. Sans un raisonnement bien conduit, l’habilité n’est rien. Cependant, les technologies qui permettent d’apprécier nos compétences manuelles progressent et montrent que nos compétences techniques ont des conséquences cliniques. Un chirurgien doit être raisonnablement adroit, même si le talent est de réunir les conditions qui permettent à un geste difficile et délicat de devenir simple et facile.
Les « 4 h » ne suffisent pas. Le chirurgien doit être en forme physique : la fatigue du chirurgien ne doit pas poser d’indication per opératoire. Un geste long doit être organisé en équipe comme le font les chirurgiens qui traitent les cancers de la tête et du cou avec des gestes de reconstruction complexes. Le chirurgien doit être en forme morale et disponible : un souci personnel grave limite notre disponibilité mentale et peut interférer avec les décisions per opératoires. Le chirurgien doit être résiliant et confiant en lui-même. Comment faire sinon pour retourner au bloc immédiatement après avoir diagnostiqué une complication grave ? Enfin, le chirurgien ne doit pas être seul. Il a besoin d’une équipe autour de lui ; il a besoin de collègues bienveillants et compétents pour partager avec eux ses difficultés. Il a besoin du respect de cette équipe qui sait faire silence et prévenir ses besoins quand le geste est complexe, mais il doit respecter cette équipe sans laquelle il n’est rien.
Notre métier est complexe. Parler pendant deux jours des complications et de leur prévention, c’est mettre le cœur de notre pratique au cœur d’un congrès. C’est regarder les choses en face pour améliorer nos pratiques. C’est pour cela qu’il faut venir à Clermont-Ferrand.
Jamais un congrès n’aura autant été le vôtre !
Professeur Michel Canis
Pour le comité d’organisation local